Installer des panneaux photovoltaïques est devenu un réflexe pour de nombreux propriétaires suisses qui souhaitent réduire leur facture d’électricité et participer activement à la transition énergétique. Mais un constat s’impose : produire de l’électricité solaire ne garantit pas automatiquement des économies maximales. La véritable valeur se trouve dans l’autoconsommation, c’est-à-dire dans le fait de consommer votre propre énergie au moment où elle est produite.
En Suisse, le taux d’autoconsommation moyen d’une maison équipée de panneaux solaires sans optimisation est de 25 à 35 %. Cela signifie qu’en moyenne, deux tiers de l’électricité produite sont revendus au réseau, souvent à un prix trois fois inférieur à celui que vous payez lorsque vous rachetez de l’électricité le soir.
La différence est énorme :
Prix moyen d’achat de l’électricité par un ménage : 0,22 à 0,28 CHF/kWh
Prix moyen de rachat par le réseau : 0,08 à 0,12 CHF/kWh
Autrement dit, plus vous consommez directement votre électricité, plus vos panneaux solaires sont rentables.
Dans ce guide complet, nous allons voir comment maximiser votre autoconsommation photovoltaïque, grâce à des explications techniques vulgarisées, des exemples concrets adaptés à la Suisse, des conseils pratiques et les solutions les plus efficaces pour augmenter vos économies.
L’autoconsommation, c’est tout simplement le fait d’utiliser votre électricité solaire au moment même où elle est produite.
Deux indicateurs principaux existent :
Taux d’autoconsommation : part de votre production solaire que vous consommez directement.
Taux d’autoproduction : part de votre consommation totale couverte par votre production solaire.
Exemple concret :
Votre installation produit 6 000 kWh/an.
Vous consommez directement 3 000 kWh, et vous injectez 3 000 kWh dans le réseau.
Votre consommation totale annuelle est de 8 000 kWh.
➡️ Taux d’autoconsommation = 50 %
➡️ Taux d’autoproduction = 37,5 %
C’est la combinaison de ces deux chiffres qui reflète la performance réelle de votre installation.
Les panneaux produisent principalement entre 10h et 16h, c’est-à-dire lorsque la maison est souvent vide. Le soir, quand tout le monde rentre et que la consommation grimpe (cuisine, lessive, télé, recharge d’appareils), la production solaire baisse ou est nulle.
Résultat :
Sans action, votre taux d’autoconsommation plafonne autour de 30 %.
Avec des mesures adaptées, il peut grimper à 60–80 %.
Vendre son électricité au réseau n’est pas mauvais, mais ce n’est pas la meilleure stratégie financière.
Revente : 0,08 à 0,12 CHF/kWh.
Achat : 0,25 CHF/kWh.
Chaque kWh autoconsommé vous fait économiser environ 0,25 CHF. Chaque kWh revendu ne vous rapporte que 0,10 CHF. La différence est flagrante.
Prenons l’exemple d’une maison avec une installation de 8 kWc produisant environ 8 000 kWh/an.
Taux d’autoconsommation |
kWh consommés directement |
Économie annuelle (à 0,25 CHF/kWh) |
30 % |
2 400 kWh |
600 CHF |
50 % |
4 000 kWh |
1 000 CHF |
70 % |
5 600 kWh |
1 400 CHF |
➡️ Entre 30 % et 70 % d’autoconsommation, le gain est de 800 CHF par an. Sur 25 ans, cela représente 20 000 CHF d’écart.
En Suisse, le coût d’une installation résidentielle varie entre 12 000 et 20 000 CHF après subventions.
Sans optimisation (30 % d’autoconsommation), l’amortissement peut prendre 12 à 15 ans.
Avec optimisation (70 %), il peut tomber à 8 à 10 ans.
Maximiser son autoconsommation, c’est aussi :
Réduire la charge du réseau électrique.
Diminuer les pertes de transport.
Valoriser une énergie verte et locale.
C’est donc un geste économique et écologique.
La première solution est gratuite : changer ses habitudes.
Lancer le lave-vaisselle en milieu de journée.
Programmer le lave-linge entre 12h et 15h.
Recharger les vélos et outils électriques quand le soleil brille.
💡 Notre conseil : installez des minuteurs ou des prises connectées pour automatiser ces usages.
L’électricité excédentaire peut être convertie en chaleur, ce qui est très efficace.
Boiler électrique : chauffe l’eau sanitaire grâce au surplus.
Boiler thermodynamique : encore plus efficace car il utilise une pompe à chaleur intégrée.
Pompe à chaleur : peut être pilotée pour produire de l’eau chaude sanitaire au moment des excédents.
Exemple concret :
Un boiler de 300 litres absorbe environ 10 kWh par jour. Si vous l’alimentez en surplus solaire, cela peut représenter 200 à 300 CHF d’économie par an.
Un EMS est un petit “cerveau” qui analyse en temps réel la production et la consommation et décide quand allumer ou éteindre certains appareils.
Fonctionnalités typiques :
Mesure instantanée de la production solaire.
Pilotage du chauffe-eau, de la PAC ou de la borne VE.
Anticipation des prévisions météo pour lisser la consommation.
Exemples disponibles en Suisse : Enphase, SolarEdge, Tiko.
Les batteries domestiques permettent de consommer le soir ce qui a été produit le jour.
Capacité typique : 5 à 10 kWh.
Coût : 800–1 200 CHF/kWh installé.
Durée de vie : 10 à 15 ans.
➡️ Aujourd’hui, leur retour sur investissement reste long, mais elles apportent une autonomie énergétique qui séduit de plus en plus de ménages.
Une maison équipée d’une PAC peut faire tourner son système pour produire l’eau chaude sanitaire en journée, quand les panneaux produisent.
Résultat : baisse de la consommation en soirée et économie supplémentaire de 300–500 CHF/an.
La borne de recharge devient un véritable outil d’optimisation. En programmant la recharge entre 11h et 16h, il est possible de consommer jusqu’à 2 000 kWh/an directement.
Les propriétaires de piscines ont un levier formidable : utiliser le surplus solaire pour chauffer l’eau. En été, cela peut absorber 1 500 à 2 500 kWh/an et éviter un chauffage électrique ou fossile coûteux.
En Suisse, les installations PV bénéficient de la Rétribution unique (RU), versée par Pronovo, qui peut couvrir entre 20 et 30 % du coût initial.
Dans la majorité des cantons, l’investissement photovoltaïque est déductible à 100 % de l’impôt sur le revenu l’année des travaux.
Depuis 2018, il est possible de regrouper plusieurs foyers pour partager la production d’une même installation solaire. Ce modèle est de plus en plus courant en PPE et lotissements.
Installer un monitoring précis (applications dédiées).
Analyser ses courbes de production et consommation.
Ajuster en continu ses usages.
💡 Notre conseil : un suivi mensuel permet de gagner entre 5 et 10 % de taux d’autoconsommation supplémentaire.
Maximiser son autoconsommation n’est pas seulement une question de rentabilité, c’est aussi un engagement vers une énergie plus locale, plus durable et plus indépendante.
En adaptant vos habitudes, en stockant l’électricité sous forme de chaleur, en pilotant intelligemment vos équipements et éventuellement en ajoutant une batterie, vous pouvez doubler votre taux d’autoconsommation et réduire significativement votre facture.
En Suisse, où le prix de l’électricité augmente et où les aides à la transition énergétique sont nombreuses, ne pas optimiser son autoconsommation, c’est perdre une partie du potentiel de son installation photovoltaïque.